~ Histoire Fantastique ~

~Histoire Fantastique~

    Lors d’une soirée entre amis, dans mon chalet où la tempête faisait rage dehors, nous nous racontions chacun notre tour nos frayeurs personnelles. Assis autour du feu, seule lumière rassurante de la pièce dont les flammes projetaient des ombres inquiétantes sur les murs, mon tour était venu.

«  A cette époque, j’étais encore assez jeune pour exercer mon métier de médecin.        

    Je venais de passer une dure journée de labeurs car en ce mois de décembre la grippe persistait, quand on sonna à mon cabinet  que j’étais sur le point de quitter. Je vins ouvrir à l’inconnu et fus surpris de voir M. Le comte, habitant dans un manoir à quelques lieux d’ici, apeuré. Il vint s’assoir d’un pas chancelant sur mon fauteuil sans même prendre la peine de me saluer. Je ne sus quoi dire face à ce comportement qui me laissa perplexe. Sans même me consulter, le comte débuta son récit, tel quel :

    Comme chaque soir, il contemplait son jardin au crépuscule, admirant ses buissons taillés à la perfection et ses parterres de fleurs resplendissantes; ainsi que ses allées se rejoignant en son cœur décoré d’une statue de femme vêtue d’une robe qui semblait voler au vent. Cette nuit-là, il se réveilla en sursaut et se leva d’un bond, alerté par un fracas retentissant provenant du jardin. Il sortit de sa chambre et suivit sa domestique, elle aussi alertée par le bruit, une bougie à la main. Une fois arrivé, il eut un frisson : dans la pénombre il ne voyait plus la statue. Il se rapprocha et vit son jardinier déjà sur les lieux, accroupi devant une masse inerte gisant sur le sol. Observant la scène de plus près, il laissa échapper un soupir de soulagement en reconnaissant la statue tombée inexplicablement de son socle mais intacte. Tandis que son jardinier tentait de l’y remettre, il ordonna de s’interrompre jugeant préférable de le faire à la lumière du jour. Les jours suivants, il ne put se rendormir, troublé par ce fait inexpliqué : la statue qui avait été remise en place lui rappelait sans cesse cet évènement mystérieux dont il ne connaissait toujours pas la cause, même après maintes réflexions. Ce soir-là, alors qu’il venait enfin de sombrer dans le sommeil, il fit un rêve étrange. Dans celui-ci, il crut entendre une porte grincer puis à travers les rideaux qui ornaient son lit, il lui sembla voir une ombre passer et s’arrêter en face de lui. Mais il ne sut distinguer si elle était de face ou de dos. Soudain, il se réveilla, tenaillé par la peur, et n’osa plus bouger, sentant comme une présence. La lune s’était voilée si bien qu’il ne distinguait aucune forme et ne pouvait vérifier son pressentiment. Il attendit ainsi sans bouger l’aube et sa lumière qui le rassurerait. Le soleil déjà bien avancé dans sa course, il décida enfin de sortir de son lit, tentant d’oublier ses peurs de la nuit. Il se dirigea avec peine vers la commode en face de son lit où il rangeait ses effets personnels. Ne trouvant plus sa bague fétiche, il sortit de sa chambre, furieux et appela ses domestiques. Il les accusa d’avoir volé sa bague mais tous nièrent le fait. En proie à une violente colère, il sortit dans son jardin dans le but de se calmer et s’assit sur un des bancs qui faisaient face à la statue. Il remarqua avec stupeur qu’elle portait à son doigt ladite bague. Bouche bée, il s’approcha pour reprendre sa chevalière quand soudain sa servante apparut, un panier de linge sale dans les mains et lui dit sur le qui-vive : "  Attendez monsieur ! Je vais le faire à votre place, vous pourriez vous blessez. " Avec regret, il s’écarta du socle pour lui laisser la place. La domestique monta sur le socle et tendit les mains vers la bague pour l’attraper. Elle tira sur la bague mais celle-ci ne se déplaça pas, les doigts de la sculpture, serrés entre eux, empêchaient la bague de se mouvoir. Elle réessaya, en vain. Elle s’avança vers son maître, frustrée et s’excusa de son échec. Déçu, il se dirigea machinalement vers la forêt qui délimitait son jardin pour se changer les idées. Brusquement, il s’écria : " Le rêve… " puis, inquiet, s’interrogea : "  Et si mon rêve s’était réellement passé ? Cela expliquerait la sensation à mon réveil… Mais qui ? … Qui ? " Sur le chemin du retour, tandis qu’il essayait de percer ce mystère, il se rendit compte que seule la servante avait le double des clés de sa chambre. Lorsqu’il l'aperçut qui étendait le linge, il s’emporta et courut vers elle d’un pas décidé, pour lui faire avouer sa faute. Il laissa sa colère le dominer et persuadé qu’elle était coupable malgré ses protestations, la frappa violemment au visage. Fulminant et croyant que les autres domestiques étaient concernés, il se dirigea vers le manoir. Il sentit qu’on l’épiait,(nan, parce que il le sent d’un seul coup, et c’est « épiait » qui dure, c’est plus logique. Et puis même au niveau de la sonorité). Il était cependant convaincu que c’était le regard de la servante, jusqu’au moment où il passa devant la statue. Puis pris d’un doute, il s’arrêta net…Il se retourna lentement, alerte et posa ses yeux sur la statue. Il lui semblait que la sculpture le suivait du regard… Il crut être en proie à des hallucinations.

    M. le comte décida alors de venir me voir pour me questionner sur sa santé. Après plusieurs examens qui ne révélaient aucun problème sur sa santé physique, je lui conseillais d’en parler avec ses domestiques, et d’écouter leurs raisons. Il me remercia et s’en alla avec la promesse de revenir me voir dès qu’il aurait élucidé l’affaire. Une semaine passa mais je n’eus pas de nouvelles. Déconcerté, je décidais d’aller lui rendre visite pour en savoir d’avantage. Une fois arrivé là-bas, je fus accueilli par les domestiques en question qui me rapportèrent leurs doutes sur la santé mentale de leur maître. Ils me confièrent aussi qu’il n’avait pas quitté sa chambre depuis 3 jours, puis la servante m’amena dans sa chambre où je le découvris pâle avec d'immenses cernes sous les yeux, le comte. En tant que médecin, j’accourus à son chevet et fit signe à la servante de nous laisser seuls. Je m’apprêtai à l’ausculter lorsqu’il me fit signe d’arrêter et il entama la suite de son récit :

    Après être venu me voir, il était rentré chez lui et alla directement se coucher, fatigué. Soudain il fut réveillé par un bruit de pas sur les graviers des allées de son jardin, il décida de prendre ses domestiques sur le fait. Pour ne pas se faire repérer, il sortit par la porte dont le chemin contournait la propriété dans le but de les espionner depuis la forêt. A l’orée du bois, lorsque les nuages voilant la lune se dispersèrent, ses rayons argentés éclairèrent la forêt  d’une faible lumière et il aperçut, frémissant de peur, une silhouette de femme vêtue d’une robe qui était cachée derrière un arbre.  La fragile lumière se reflétait dans ses yeux sans pupilles tels deux lunes. Le silence était pesant. Une grande bourrasque passa, balayant les feuilles mortes sur son passage. Il frissonna d’horreur : la robe ne s’était pas soulevée sous l’effet de la bourrasque… Sous le choc, la tête lui tourna et il s’évanouit. Plus tard, il fut réveillé par le jardinier en milieu de matinée. Il courut dans sa chambre, ferma les volets et la porte à double tour.

    Perturbé, je descendis dans la cuisine pour boire un verre d’eau et me changer les idées. Juste avant d’entrer dans la cuisine, je perçus des bribes de la discussion des domestiques présents. La servante prononça une phrase qui me troubla : " Depuis que j’utilise de l’amidon, ma robe tient beaucoup mieux en place lorsque j’étends le linge dehors. ", et me tortura l’esprit pendant des nuits entières. »

Fin x3

#Pika and KitKat